« Kenako » cela veut dire « l’heure est venue » en sesotho, une des langues bantoues parlée ici. La Coupe du monde de football débarque enfin en Afrique du Sud.
La nation arc-en-ciel de Nelson Mandela résonne dans l’imaginaire collectif : Soweto, la réconciliation, les blacks « bling bling » en Gucci, la criminalité et les blancs qui ont peur. Mais l’Afrique du Sud c’est tellement plus !
Je vais vous raconter ici le quotidien des Sud-africains à l’heure du Mondial, les contrastes de ce pays, l’effervescence, les préparatifs, et l’ambiance les jours de match. Et puis il y aura mes commentaires, enthousiastes souvent, caustiques parfois, dérangeants pourquoi pas, c’est mon blog j’ai le droit.
Allez, « Kenako », c’est parti !
L'auteur
Nicolas Champeaux est envoyé spécial permanent de RFI
à Johannesburg
08 mars 2010 - 12:35
La dernière "prison" de Nelson Mandela
Cela n’a pas grand-chose à voir avec le Mondial, je vous l’accorde, mais je ne résiste pas à la tentation de vous montrer ces photos de la dernière « prison » de Nelson Mandela. Il a séjourné dans cette cage dorée sur le site de la prison Victor Verster, près du Cap, de Décembre 1988 au 11 Février 1990, date de sa libération. Mandela avait entamé des négociations secrètes avec le gouvernement apartheid, qui lui avait proposé un régime à mi-chemin entre la liberté et la détention. Mandela avait des journaux, la télévision, un très grand lit et même une piscine.
Un gentil policier nous a ouvert la porte et nous a fait visiter. J’étais avec deux collègues. Nous savions que la résidence de Mandela à Victor Verster était confortable, mais pas à ce point. Pour rire, nous nous sommes allongés sur son lit King size et avons pris des photos quand le policier ne regardait pas. La cuisine est tout confort et donne sur un vaste living. Il y a aussi une belle salle à manger et même un salon de réception. Le Ministre de la justice Kobie Coetsee souhaitait que Mandela puisse recevoir dans sa résidence les membres de l’ANC pour les informer de ses discussions secrètes avec le gouvernement. Ces premiers pourparlers sur les pourparlers ont mené à la libération de Mandela et des autres prisonniers politiques en 1990. Dans un deuxième temps, des négociations officielles ont permis l'organisation des premières élections multiraciales en 1994.
Le jour de son installation dans cette splendide demeure, Kobie Coetsee a offert à Mandela une caisse de vin pour sa pendaison de crémaillère. Dans sa biographie « Un long chemin vers la liberté », Mandela relève l’ironie de ce cadeau d'un geôlier à son prisonnier. Mandela pouvait recevoir d'autres détenus. Ahmed Kathrada et Walter Sisulu, alors incarcérés à la prison de Pollsmoor, lui rendaient souvent visite. Mandela prenait beaucoup de plaisir à leur montrer comment marchait son four à micro-ondes.
Il pouvait contempler les magnifiques montagnes de la région du Cap, se tenir au courant de l’actualité mondiale. Il apprenait aussi le protocole et l’étiquette. Niel Barnard, alors chef des services secrets, prétend aujourd’hui que le gouvernement souhaitait le préparer à la fonction de chef d'Etat: « nous ne voulions pas qu’il se trompe de fourchette lors d’un banquet avec la reine d’Angleterre à Buckingham Palace ! »Quelques années après sa libération, Mandela a fait bâtir une maison à Qunu dans sa province natale du Cap oriental. Il s’est inspiré de la maison de Victor Verster. Il en garde un bon souvenir. Je n’ai pas de peine à le comprendre.
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4 Comments
c est incroyable
un bon exemple de peace talk !!!!!!
C'est assez incoyable tout ça, je n'arrête pas de penser que malgré toutes les horreurs du régime d'apartheid que si mandela avait été opposant à un de nos didacteurs ou anciens dictateurs africains dans la veine des mobutu ou autres Sékou Touré il n'aurait certainement pas passé 27 ans en prison, il aurait été liquidé tout simplement...4
Certes c'était une cage dorée, mais le barreaux étaient bien réels.